Maurice Lemaître 26/01 - 23/02 2019


Maurice Lemaître / Collection Bruno Maisons

23 janvier – 23 février, vernissage le 23 janvier de 18h à 21h Galerie Satellite 7, rue François de Neufchâteau 75011 Paris

C’est Marie Kawazu qui m’a demandé de m’occuper – de curater, dit-on, pour éviter le fameux et fâcheux faux-ami français – ma huitième exposition sur l’œuvre d’un des monstres sacrés du mouvement lettriste : El Momo, alias Maurice Lemaître (1926-2018).

Comme on le sait, Maurice considérait Bruno Maisons, en dehors de Patrice Trigano, comme son autre galeriste. Aujourd’hui, Bruno et Maurice ne sont plus là ni l’un ni l’autre et le lien qui les unit se manifeste sous la forme d’une soixantaine d’œuvres, achetées ou reçues en gage d’amitié – une amitié exigeante – au fur et à mesure des trois autres expositions que j’ai montées sur Maurice pour Bruno et Marie à la galerie Satellite : Mauvaises photos lettristes (2009), Peintures de l’enfer et du paradis (2011), Maurice Lemaître, multiples et unique (2017). Celles-là même qui sont montrées à Satellite, du 26 janvier au 23 février, quelques semaines avant la rétrospective Isidore Isou au Centre Pompidou qui saura peut-être faire s’intéresser au lettrisme un nouveau public de curieux insatisfaits.

C’est à ceux-ci, en dehors de la poignée de fidèles – ils se reconnaîtront – que s’adresse cette dernière exposition, qui révèlera le goût de Bruno pour des œuvres d’inspiration et technique fort variées. Ainsi, la bobine magnétique de l’Œuvre chrono-imaginaire reproduite sur la carte postale de l’invitation ou la toile de 2002 Merci à ce cher Maillol !, à l’huître contrecollée ou encore S’affranchir du passé qui recycle sur toile en 2009 la collection philatélique paternelle. Témoins aussi, ces quelques œuvres sur papier d’une « haute époque », telles que le collage Je soussigné Jésus (1967) ou l’empreinte Signes d’exploration (1967), ainsi qu’un ensemble de « photographies hypergraphiques », celles où la photographie ne se suffit plus à elle-même et n’existe que par les tags qui la recouvrent avec majesté.

De cette cinquantaine de photos, l’album 24 photos (refusées) de Lemaître, - initialement prévu à cent exemplaires mais seulement tiré à dix vu l’absence de demandes pour ce qui pourtant sera l’un des portfolios photographiques les plus recherchés du lettrisme -, se détache a contrario par ses variations définitives sur un vide rempli d’imaginaire. Ce seront l’A- photo ou bien la Photo infinitésimale vide ou encore l’Anti-photo ou bien enfin la photo infinitésimale Mon Bureau, qui nous laisse imaginer, à partir de la reproduction d’un simple trombone de papeterie, quelque dossier irrésolu d’une affaire en cours attendant son « jugement dernier » !

Frédéric Acquaviva, 12 janvier 2019