Carte blanche à DEUCE

 

Le 19 avril ~ Le 11 mai

 

Vernissage jeudi 27 avril “25 ans SATELLITE” à partir de 17h

 

 Galerie SATELLITE 7, François de Neufchâteau 75011 Paris

                             TEL 01 43 79 80 20 Métro Voltaire Charonne

                                                                                                                                           http://galeriesatellite.jimdo.com

 

Jean Charles MILLEPIED et ses "attrape cœurs " pour l'œil

Par Jean-Serge Breton

 

Dès qu'on aperçoit une peinture de Jean Charles Millepied, on s'en rapproche aussitôt, comme aimanté, mais on est très vite confronté à ce que cet objet non identifié émane de rassurant et de brutal, mais également  de cérébral et de viscéral, pour nous happer.

Quelque peu  désarçonné on ne sait plus vraiment par quel biais appréhender cette

chose étrange qui nous attire tout en faisant semblant de nous narguer.

 

On est comme "inter-looké“, possédé, prisonnier de cette partition mi sérielle, mi fractale, faute d'avoir en main les bons codes d'accès.

Par contre, on devine qu'on n'a aucunement affaire à  de la peinture docile ou complaisante, de celle qui vous ferait  de l'œil pour vous convier à un bref tour de manège ou du propriétaire, puis, curiosité de badaud satisfaite, vous laisserait quitter les lieux  en toute  discrétion, mais à reculons ...

Non, l'univers  pictural de Jean Charles Millepied ressemble  à ces espaces mystérieux qui hantent la canopée  des nuages et viennent régler leurs comptes au  cœur même  des vortex , là où les  éclairs  prendraient  la forme de traits mal formés  à force d'être intelligemment conçus, tels  ceux griffonnés par un enfant surdoué du pinceau et du crayon, là où le tonnerre s'abattrait, couleur après couleur en une suite de plis gagnants, terme d'un poker menteur ,là où les nuages donc, balafrés de couleurs vives ou souterraines, vaqueraient dans de contradictoires directions, tout en étant zébrés de signes prometteurs indéchiffrables.

 

Passé ce premier choc, autant sonore que visuel puisque  les voyelles sont depuis Rimbaud des couleurs  éternelles, il faut donc se "retrousser les hanches " à  la manière de ces peintres si gestuels  de l'action painting, dont Jean Charles Millepied est assurément un des fils biologiques.

 

Aux frontières de l'all over lyrique, à y bien regarder, jamais l'oeil n'a le loisir de s'attarder puisqu'au moindre relâchement du regardeur, Millepied, ce piégeur d’espaces, l'envoie bouler ailleurs, à coups de traits et de lyrisme abstrait, vers la périphérie des nuages.

 

Les œuvres de Millepied, ce stripteaseur aveugle qui en a beaucoup vu, sont habitées de signes hypnotiques, de " je sont les autres" ésotériques, de désirs  pariétaux qui seraient transposés sur des tableaux noirs d'écolier ou des  murs  lézardés, de gestes schizophréniques qui révèleraient  ce que le peintre rumine dans sa tête , ce qui lui tord boyau , de graphes gaffeurs et de graffiti graphiques, de tâches sensuelles surchargées de faux  remords et de vrais repentirs, jamais pléonastiques ,d'invocations chamaniques et d'élans géométriques ...

 

 

Au bout du compte on finit par se perdre dans ces méandres contrapuntiques et  on est en  droit de se demander si c'est l'œil de l'artiste  qui conduit la main ou si ce sont les tripes ( les trips ) de l'homme de chair   qui s'étalent en toute  impudeur sur la toile.

 

Traits assassins, biffures cinglantes, tâches catalanes  posées sur le vide, drippings polkiens, zig zag rageurs, ronds carrés, griffures félines, fêlures folles, effacements et gommages, multi-strates, mélanges détonants, liaisons éphémères, entassements, rayures zébrées, couleurs voilées, dévoilées mais chaque fois dévoyées, coloriages ultra osés, ligatures et noeuds à  libérer, fulgurances, FUlGURANCES extrêmes ...

 

Bref, dans l'espace d'un rectangle et parfois d'un carré, le spectacle de la  beauté crue des formes, émouvante et sublimement  colorée…

 

Comme on le comprend, comme on le prend, au dessus des 10000 pieds, le mystère va  continuer de planer au cœur de l'œil du vortex, jusqu'à ce qu'un arc en ciel ...

 

C'est pourquoi je vous prie, Mister  M., encore une couche,  mais all over, S.V.P.

 

C'est clair, comme de Reimpré et de Kooning font quatre.

 

Jean Serge Breton, dit Deuce

Plasticien et collectionneur

Secrétaire général du Salon d'automne international

 

 

L'Art de fougue  par Jean-Charles Millepied

 

A l'évidence, Jean-Charles Millepied occupe une place à part dans le monde très fréquenté de ce qu'il est convenu d'appeler l'expressionnisme abstrait. Sa démarche, empreinte d'une rare humilité, est celle d'un renoncement à la forme tridimensionnelle pour élaborer un univers très personnel où la fonction de peindre est volontairement subordonnée à l'expression spontanée de l'inconscient, expression tempérée par la raison. Particulièrement raffinée, sa palette libère des teintes qui semblent chanter librement dans une gamme expressive des plus élémentaire. Néanmoins, nous aurions tort de n'y voir qu'une improvisation, aussi virtuose soit-elle. Si l'emportement lyrique nous touche, et souvent nous bouleverse, c'est que l'artiste n'exclut jamais l'ordonnance des coloris. On l'a compris : d'une œuvre à l'autre, Jean-Charles Millepied organise la rencontre improbable mais Ô combien somptueuse du classicisme français, lequel s'épanouit au XVIIe siècle autour de Nicolas Poussin, et de l'Ecole de New York (Willem de Kooning). La frénésie jubilatoire de l'expressionnisme abstrait américain soumise au Discours de la Méthode !

 

De fait, nous avons eu ce privilège, il y a quelques années, de voir l'artiste travailler au cours d'un workshop organisé au Caire lors de la tenue du Salon d'Automne International dans la capitale égyptienne. Au sein du brouhaha général où les artistes œuvraient côte à côte avec force commentaires et exclamations, Jean-Charles Millepied prit un soin particulier à s'isoler, à dénicher l'endroit le plus apte à sa concentration. Nous avons alors constaté combien la fureur tumultueuse d'un de Kooning lui était totalement étrangère. Chaque geste est pensé, les teintes sont savamment sélectionnées selon leur sonorité et la composition s'élabore lentement, dans le calme, loin des trépidations frénétiques sous jacentes aux déchaînements chromatiques de la plupart des expressionnistes abstraits. C'est miracle, en effet, que d'assister à la construction savante d'un tableau donnant une telle impression de liberté éperdue, de puissance expressive, d'intensité plastique exprimée en dehors de toute contrainte !

 

Ce serait faire preuve de vanité que de vouloir expliquer la peinture de notre artiste. Plus nous pénétrons l'univers pictural de Jean-Charles Millepied, plus la part de mystère de sa créativité nous échappe... Nous nous contenterons d'identifier quelques bribes de son vocabulaire plastique. L'harmonie audacieuse de la composition, le mélange de grâce et de sensualité, l'émouvante pudeur par laquelle est suggéré ce sentiment rêveur ou mélancolique qui lui est propre, le mélange de simplicité et de grandeur...: autant d'éléments enracinés au classicisme français dont Nicolas Poussin fut le grand représentant !... A l'instar de la fugue musicale réclamant une haute maîtrise de la science du contrepoint, notre artiste soumet la fougue libératrice du geste et de la couleur aux nécessités de l'harmonie et des lois de la peinture. "Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquement sur le principe de l'entrée en contact avec l'âme humaine", écrivait Kandinsky (Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier), avant de poursuivre : "Cette base sera définie comme "le principe de la nécessité intérieure".  La peinture de Jean-Charles Millepied n'est autre que le chant bigarré de cette "nécessité intérieure".

 

Un art de la fougue pour nous livrer les paysages de son âme, paysages déployés comme autant de sources de joie, d'émotion, de délectation rétinienne. Pour ce qui nous concerne, nous avons décidé d'y planter notre tente. Ici, l'espace pictural est si vaste que ses qualités spatiales semblent infinies. Dès lors, il ne peut y avoir de problème de place. Chacune, chacun pourra s'y rendre pour s'y perdre, s'enivrer d'une sérénité plastique contagieuse, d'une beauté véritable vers où convergent couleurs, musique, poésie...

Noël Coret

Ecrivain d'Art   Chevalier des Arts et Lettres    Président du Salon d'Automne International - SAI

 

 Ronja SCHLICKMANN

 

À propos de ma démarche

 

 Dès sa naissance l'homme se trouve confronté à une duplication du réel effectuée à partir de l'empreinte mère .

 

Plus tard , lorsque  l'enfant se lance dans l'édification d'un château de sable il retient son souffle au moment délicat du démoulage .

 Au travers de ce regard d'enfant la tour du château prend , comme par miracle , la forme de la matrice d'origine .

 

Toute matrice s'avère  donc une expérience fondatrice et le passage obligé pour du développement de l'homme .

 

 Une fois qu'il a construit son château , l'enfant craint  maintenant le travail destructeur de la marée .

 

Il regarde comment son ouvrage se comporte face aux éléments et se bat même de longues  minutes contre eux pour ne pas voir son édifice s'effacer trop vite et disparaître définitivement .

 

Pourtant ,  cette issue est  inévitable .

 

Toute empreinte  , comme toute matrice , est donc bien une œuvre éphémère qui ne peut que s'éroder . L'ordre allant  vers le chaos , pour accomplir son destin .

 

Ainsi va toute chair .

Construire plus haut et plus solide ,

 Laisser une trace de notre existence ,

 Capter , figer et reproduire le réel,

 Le manipuler et le changer à  notre guise , S'inscrire dans l'Histoire pour continuer d'exister par delà la mort .

 Comme une forme de vie éternelle ?

 Ronja Schlickmann , plasticienne

 

Thierry Rayon

L'art du collage ,les charmes du découpage et de la métaphore , le jouir du montage . ou " les récréations de la re-creation "

 J'ai d'abord croisé cet homme , un gueule à la Jean Genet , au MACT de la Bastille ou des artistes émergents tentent de se faire connaître , puis , quelques temps après , sur le boulevard Edgar Quinet que d'autres créateurs aux niveaux inégaux investissent chaque Dimanche avec la bénédiction de la Ville de Paris .

 

Ce artiste  que j'ai , au long des 3 dernières années , de mieux en mieux cerné se nomme Thierry Ferdinand Rayon . Il pratique , en parfait autodidacte , l'art difficile du collage , je veux  dire des improbables rencontres entre des formes anciennes , avec , à  l'horizon , la récompense  méritée en cas de réussite .

 A la colle  depuis longtemps avec cette étrange technique de recyclage  de différents supports , matériaux et univers , par principe  hétérogènes , j'ai peu  à peu compris que c'est sa sensibilité au monde qui  permet  à Thierry Rayon , à l'oeil acéré et  à la "patte " audacieuse , de partir de matériaux insolites par  leur aspect , leur vécu , pour inventer   une forme nouvelle , et proposer une " bonne forme "  novatrice ultime .

 

Métal  , éclats de peinture , photos , lambeaux de journaux , bois , objets  usuels , tous , issus de récupérations diverses , contribuent ainsi à des unions à priori impossibles , voire  incestueuses.

 

À la faveur de ce  long travail de relecture du monde fait de "pas de côté" obligés  , notre  homme redonne à chaque matériau initial , à chaque pan d'histoires morcelées , une nouvelle direction , une signification nouvelle , une harmonie retrouvée ...

 

Le collage chez Rayon est beaucoup plus qu'un assemblage artisanal ou un lancé de dés  hasardeux  ; c'est un véritable et profond travail de coupe et de sculpture , de mise en espace , de navigation entre la réalité et la fiction .

 

Le Collage érigé en art serait il finalement  le  haut lieu de toutes les métaphores possibles , au point qu'on pourrait  se poser la question qui dérange   , pour mieux y répondre bien sûr  :

 

 métaphore , où çà ?

 Je pense que Thierry Rayon sait de plus en plus  où "ça " va

 Jean Serge Breton , dit Deuce

 

 


                                                " E.T. phone Maisons "

Collectionneur ( près de 7000 peintures contemporaines et photographies de
1850 à nos jours ) , à nouveau plasticien depuis une petite dizaine d'années ,
secrétaire général du Salon d'Automne International , j'ai récemment reçu de
Marie Kawasu Maisons la proposition de , dans ces lieux où ma première exposition
solo " Mao by Moa " se déroula , mettre en place une " Carte blanche à Deuce "

Parmi les dizaines d'artistes que je côtoie  ou collectionne , très vite  5
Créateurs ( je dis 5  et non 4 car j'inclus dans ma sélection notre curator Noël Coret
considérant qu'un écrivain d'art fait légitiment partie d'une mouvance ou de
parcours artistiques  individuels qu'il  découvre , redresse , éclaire puis donne sens )
me sont venus à l'esprit  pour cette Carte blanche 2017.
Mon vœu premier était  que , dans l' espace limité d'une galerie des  champs
d'expression différents n'empiètent pas les uns sur  les autres , voire ne se nuisent  . C'est pourquoi , au risque de confrontation , mon choix s'est porté sur un peintre , un plasticien  photographe , une plasticienne mix media , un collagiste et un écrivain d'art ,
tous vrais talents emergeants , quel que soit l'âge .

À ce jour , je ne sais pas encore si , dans l'espace SATELLITE qui leur est dédié pour 3
semaines les œuvres de ces  5 artistes vont s'interpeller , se parler et se répondre,
se contredire  ou symphoniser. Par contre , ce que je désire  c'est que leurs œuvres dialoguent  et , sait on jamais , fusionnent par le jeu  du regard  critique et bienveillant des visiteurs .

Ce métissage , cette  polyphonie souhaitée  ( peinture , photographie , art numérique , installation ,collage , écrits sur l'art , mix media )  ,
cette Carte blanche que je dédis à Raymond Hains , le Marcel Duchamp des années 60/ 90  ( Hains , Deuce , vous avez saisi l'hommage ) n'ambitionne pas d'en mettre plein les yeux mais plutôt chaud aux cœurs  .
Cette Carte  blanche aura précisément lieu au moment où les "25 ans de la galerie Satellite " vont être  fêtés avec quelque Nostalgie , heureusement accompagnée d'une grande confiance dans le futur des 2 Maisons Satellite

Jean Serge Breton , dit Deuce