Communiqué de presse

Jungle électronique

Poésie technologique / Poésie numérique

21 octobre – 21 novembre 2020

Commissariat : Jacques Donguy

 

Le titre de l’exposition correspond à un projet non retenu pour clore l’exposition “Poésure et Peintrie” en 1993 à Marseille, que j’avais intitulé « Jungle électronique », soit, avec les nouvelles technologies de l’époque, du magnétophone à la vidéo, une diffraction ou la sortie du tout typographique (poésie concrète…), sortie du gris où tout se ressemble à une exubérance où l’on se perdrait. Un portail sur l’avenir, ou les “Portes de l’oeiloreille”, le poème idéographique d’Augusto de Campos. Dans cette exposition, il y a l’un des 3 exemplaires de la “Dream Machine” (“Machine à rêves”) de Brion Gysin réalisé en 2010 pour l’exposition “Brion Gysin Dreammachine” au Consortium à Dijon, “On Holography”, un hologramme de 1978 de Richard Kostelanetz (U.S.A.), en fait le premier holopoème jamais réalisé, “Poema Bomba”, un hologramme de 1987 d’Augusto de Campos (Brésil), exemplaire signé, seul exemplaire existant en dehors du tirage original qui est dans l’atelier d’Augusto de Campos à São Paulo et de la copie qui est au Musée de Rovereto en Italie, sachant que le négatif n’existe plus. Cette copie avait été réalisée pour l’exposition que nous avions organisée, « Terminal Zone Poésie et nouvelles technologies », au CAC d’Hérouville Saint-Clair en 2002. Une autre œuvre de Piet.sO et Peter Keene est présentée, son titre : « bla bla bla », à partir de fragments sur l’actualité glanés sur le net, boîte à gâteaux motorisée bourrée d’électronique. De Liliane Lijn est présentée une œuvre gérée par ordinateur, « MOONMEME » (1992 – 2011), hommage au principe féminin de transformation, avec la projection d’un seul mot sur la pleine lune, « SHE », qui se modifie en « HE », avec les phases lunaires. De Jacques Donguy, une photo de performance de Poésie numérique de 2019 par Bernard Bousquet ainsi qu’une sélection d’œuvres montrées sur écran plat, montage réalisé pour l’exposition « Digital Icons » au Mill à La Louvière en Belgique en 2020. Une part importante de l’exposition est consacrée à Philippe Boisnard, avec 4 tirages sur dibond réalisés en collaboration avec Beb-Deum, et « IADOLL », icône de Beb-Deum et programme de Philippe Boisnard, qui échange avec le public grâce à l’IA, l’Intelligence Artificielle. À l’occasion du vernissage de l’exposition le mercredi 21 octobre sera présenté le dernier numéro de la revue « Celebrity Cafe », qui comporte un dossier sur le numérique avec Jasia Reichardt (“Cybernetic Serendipity”), un entretien avec Liliane Lijn et ses Poèmes Machine, un débat sur la poésie numérique auquel participent Philippe Boisnard, Jacques Donguy et Fabrice Thumerel, un inédit de William Burroughs de 1962 où Ralf Rumney lui reproche de vouloir mécaniser la poésie avec son fold-in.

 

IADOLL, Philippe Boisnard / Beb-Deum

Liliane Lijn, MOONMEME

Poema Bomba, Augusto de Campos

Jacques Donguy, 2019


Liliane Lijn (1939) est née à New York. Elle étudie et travaille à Paris au début des années soixante avant de s’installer à Londres en 1966. Elle fait la connaissance de nombreux poètes de la Beat Generation et était l’une des premières artistes à faire l’utilisation de texte cinétique dans ses œuvres. Elle expose à l’international depuis les années soixante et ses œuvres font partie de nombreuses collections, notamment celles de la Tate, du British Museum, du Victoria & Albert Museum et du Fond National d’Art Contemporain (FNAC) de Paris.  Lijn travaille au travers des médias – sculpture cinétique, film, texte, performance et collage – afin d’explorer le langage, la mythologie et la relation entre matière et lumière. Elle fait l’objet en ce moment d’une rétrospective à Ordet, à Milan, et participe à l’exposition Le Ciel comme atelier. Yves Klein et ses contemporains au centre Pompidou-Metz. Deux œuvres de Lijn seront inclues dans la prochaine biennale de Gwangju, Minds Rising, Spirits Turning, Février-Mai 2021. 

 

Elle est représentée par la galerie Rodeo, London / Piraeus. 

Liliane Lijn

moonmeme, 1992 – 2019

simulation par ordinateur en temps réel

édition 1/25

 

Dans cette œuvre illustrant le mélange d’oppositions, Lijn écrit un mot unique, SHE (elle) sur la surface de la lune dans des lettres assez grandes pour être visibles depuis la terre.

 

Entrelaçant science, mythe, art et langage, Lijn propose d’utiliser la lune comme toile vivante. L’idée est de projeter un mot d’importance poétique ainsi que mythique sur sa surface. Le sens de ce mot change graduellement au cours des 29 jours et demi de la période lunaire en fonction des mouvements de la lune, de la terre et du soleil. L’œuvre moonmeme suit la phase actuelle de la lune grâce à un programme astronomique. L’image lunaire est mise à jour toutes les 26 heures et 13 minutes et superposée avec une poésie monosyllabique. Au cours du cycle lunaire mensuel, les mouvements de la lune, de la terre et du soleil révèlent que SHE (elle) contient HE (lui) et que SHE (elle) émerge depuis HE (lui).

 

moonmeme est un hommage au principe féminin de la transformation et du renouvellement, qui est vénéré depuis des millénaires sous la forme de la pleine lune et de son cycle mensuel récurrent. Les hommes ont suivi les phases lunaires depuis la préhistoire, les utilisant notamment afin de rythmer la vie agricole. Histoire et mythes étaient conçus au travers de ces transformations lunaires et transmis de génération en génération.

 

L’eau dénote la vie. Notre corps est composé à 70% d’eau et la surface de la terre est couverte à 75% par mers et océans. La lune influence les marées et le cycle menstruel des femmes. Par conséquent, la lune était considérée comme féminine dans de nombreuses cultures.